- BARTHEZ et PARROT
BARTHEZ et PARROT deux fondateurs de la pédiatrie attachés à Saint-Martial-d’Albarède.
Ernest Barthez de Marmorières et Jules Parrot participèrent activement au développement de la pédiatrie en France au XIXe siècle. Leur notoriété publique grandit compte tenu de la personnalité de deux de leurs petits malades. Le prince impérial, fils de Napoléon III, pour Barthez. Le fils unique de l’actrice Sarah Bernhardt pour Jules Parrot. Les deux pédiatres, qui seront membres de la prestigieuse Académie de médecine et promus officiers de la Légion d’Honneur, ont exercé à Paris mais ils étaient familiers de Saint-Martial-d’Albarède où ils venaient en villégiature. Rien n’atteste qu’ils s’y sont fréquentés entre 1880 et 1883 mais cela est très probable.
Issu d’une ancienne famille du Languedoc, Ernest Barthez de Marmorières est né à Narbonne en 1811. Il était un petit-neveu de Paul-Joseph Barthez célèbre médecin et encyclopédiste français. Docteur en médecine, il a présenté une thèse sur les Avantages de la marche et des exercices du corps dans les cas de tumeurs blanches (1839). Il travaille à l’hôpital des Enfants malades, où il rencontre le genevois Frédéric Rilliet avec lequel il rédige un Traité clinique et pratique des maladies des enfants (3 volumes. 1843), couronné par l’Académie des sciences et l’Académie de médecine de Paris. Chef de clinique médicale en 1843, médecin du Bureau central en 1845, il devient médecin des hôpitaux en 1862.
Sa nomination en 1856 comme médecin du prince impérial lui apporte une réputation considérable. L’arrivée au monde du prince héritier avait été délicate car il fallut recourir aux fers dont l’enfant porta au front les traces. Napoléon III adorait son fils et Barthès était devenu un familier de l’Empereur et de la famille impériale qu’il accompagnait pendant les séjours d’été à Biarritz.. Nous savons que le prince connut une fin tragique en 1879 transpercé de 17 coups de lance par des guerriers zoulous en Afrique du Sud.
Barthez est entré à 55 ans à l’Académie impériale de médecine, section d’accouchements, le 27 novembre 1866. Le Docteur Barthez découvrit Saint-Martial-d’Albarède suite au mariage de sa fille Octavie-Christine avec Ernest Pouquet, fils de Sicaire-Cyprien Pouquet, propriétaire du domaine de Liaurou. Ernest Pouquet, qui a résidé habituellement à Issy-les-Moulineaux puis à Paris, s’installait avec bonheur l’été, en famille, en Périgord. Il y recevait parents et amis. Les Barthez vinrent ainsi régulièrement à Liaurou. Ernest Barthez de Marmorières et son épouse s’installèrent à Excideuil à la fin de leur vie. Le docteur Barthez a été inhumé en 1891 dans le cimetière de Saint-Martial-d’Albarède.
Jules Parrot est né à Excideuil en 1829 d’un père notaire qui était propriétaire du domaine des Roches à Saint-Martin d’Excideuil. Docteur en médecine en 1857, puis agrégé en 1860, il est nommé médecin des hôpitaux en 1862. En 1867 il est transféré à l’Hospice des Enfants Assistés de la Seine et devient l’un des pionniers de la pédiatrie. Sous son impulsion, l’hospice devient un hôpital. Il a décrit et a classé de nombreuses pathologies du premier âge et a consacré toute son attention au développement du cerveau et aux effets de la syphilis héréditaire sur le système nerveux et les autres organes du corps y compris les os, le foie et les poumons. En 1876, après la mort de Paul Joseph Lorain (1827-1875), il obtient la chaire d’histoire de la médecine à la faculté de médecine, qu’il transforme bientôt en chaire de pédiatrie en 1879. Cette chaire a été établie à son hôpital, l’Hospice Enfants Assistés. Jules Parrot soigna et sauva le fils unique de la comédienne Sarah Bernhardt, Maurice. Curieusement, Sarah Bernhardt connaissait bien le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III et … amant de sa tante. Parrot était entré à l’Académie nationale de médecine, section d’anatomie pathologique, alors qu’il avait moins de 50 ans, le 30 juillet 1878. Il travaille avec Pasteur et rédige avec lui, en 1881, le premier rapport sur le pneumocoque. Bien qu’exerçant et résidant à Paris, Jules Parrot restait très attaché à la région d’Excideuil et il acheta, peu après 1880, à la famille Pichon de Vendeuil le domaine de la Reymondie où il recevait ses amis et organisait de grandes chasses. Hélas, il ne profita que 2 ou 3 étés de son nouveau domaine de Saint-Martial-d’Albarède. Quelques mois avant sa disparition, il intervenait encore à l’Académie de médecine afin de promouvoir l’allaitement par des ânesses des nourrissons hospitalisés privés de lait maternel (Voir ci après). De santé fragile alors qu’il s’imposait un énorme rythme de travail, il mourut prématurément en août 1883, à l’âge de 53 ans. Une rue de Paris porte son nom depuis 1900.
Francis A. BODDART
Intervention du docteur Parrot, à l’Académie de Médecine en 1882
“ Les écuries où l’on tient les ânesses, saines, propres, bien aérées, ouvrent sur les dortoirs où sont les enfants à allaiter. Traitée avec douceur, l’ânesse se prête facilement à allaiter le nourrisson qu’on lui présente. Son trayon est bien adapté à la bouche de l’enfant pour la préhension et la succion. L’infirmière s’asseoit sur un escabeau à droite de l’animal et près de sa croupe. Elle porte avec sa main gauche la tête de l’enfant, ses genoux servant d’appui au reste du corps. La main droite sert particulièrement à agir sur la mamelle, qu’elle presse de temps en temps pour faciliter l’écoulement du lait, surtout si l’enfant est faible. On fait téter les enfants cinq fois pendant la journée et deux fois pendant la nuit. Une ânesse peut nourrir trois enfants de cinq mois ”