- Petite histoire du pont de Saint-Martial
Le Pont actuel de Saint-Martial ou des Farges ne fut réalisé qu’à la fin du XIXe siècle. Au Moyen-Âge, un passage à gué, quelques mètres en aval, était probablement utilisé. Ce passage se distingue encore aujourd’hui. Un pont en bois fut ensuite construit. Des ponts de bois successifs, faudrait-il préciser ! Le pont apparaît clairement dans les textes et dessins d’arpentements du XVIIIe siècle. Sa longueur approximative était d’une vingtaine de mètres.
Plusieurs techniques étaient alors possibles pour construire un pont en bois :
– soit rapprocher fortement les piles, afin de ne donner aux portées des travées du tablier qu’une longueur très réduite, et éviter tout fléchissement ;
– soit armer ces tabliers de contrefiches assez inclinées pour résister à la flexion, et alors élever beaucoup les têtes des piles au-dessus du niveau de l’eau ;
– soit enfin suspendre les tabliers à un système de fermes.
Il ne nous reste aucune description précise des ouvrages en bois mais la première technique fut probable à Saint-
Martial. L’établissement d’un pont de bois était beaucoup plus facile et moins dispendieux qu’un pont avec piles de maçonnerie. Son inconvénient était une durée de vie limitée à seulement une quinzaine d’années.
Ainsi régulièrement, il fallait reconstruire le pont. Même avec des travaux d’entretien régulier, chaque nouvelle génération devait se mobiliser pour refaire ce pont devenu indispensable.
Le 24 novembre 1775 une délibération de la Communauté de Saint-Martial est enregistrée par le notaire Rolin « pour réparer ou construire un pont convenable pour passer dudit bourg au village de Las Fargeas et autres … pour administrer les sacrements ou pour retirer les revenus décimaux … et pour l’usage des étrangers d’y passer l’eau ».
Autres temps, autres moeurs ! Une des premières préoccupations des paroissiens de Saint-Martial-d’Albarède était de permettre au prêtre de traverser la Loue afin qu’il puisse apporter l’extrême onction aux malades.
Ceci est repris dans un mémoire établi le 8 septembre 1790 qui fait suite à la rédaction du cahier des plaintes et doléances. « La réparation du pont qui est sur la rivière de la Loue qui traverse la paroisse et qui est absolument indispensable et sans lequel les malades qui se trouvent du coté opposé au bourg seraient dans le plus grand danger de mourirsans être administrés attendu que la majeure partie de l’hiver il est impossible de pouvoir passer la rivière à cheval».
En 1839, « le pont de la commune est dans le plus mauvais état … On est obligé de passer à gué ». Du bois est acheté pour réaliser les réparations nécessaires: des poutres de 24 pieds de long (environ 7 m.), des madriers de 10 et 14 pieds de long (3 à 4 m.) et enfin du bois pour garde-fou. Le Conseil municipal de l’époque, présidé par aîné, avait désigné trois experts, tous charpentiers, pour choisir les meilleurs bois : Jean-Baptiste Aubry, Pierre Farnier et Jean Richard.
Trente ans plus tard, « grâce au concours de particuliers et à quelques ressources qui restaient » le pont de Saint-Martial est réparé à neuf de façon à pouvoir durer encore une quinzaine d’années. Le pont est alors en pierre et en charpente de bois.
Sous le Second Empire, l’activité économique et agricole s’est fortement développée. Ainsi par exemple, de nombreuses vignes étaient implantées à la Gondie et à la Borderie alors que les granges ou chais étaient situés dans le bourg. Le bois n’était plus un matériau approprié pour un pont de plus en plus fréquenté. Il est décidé sous la Troisième République la construction d’un ouvrage d’art qui sera exécuté en 1884. Il s’agit désormais d’un pont métallique comprenant trois travées de 10 mètres chacune. Le financement provient en grande partie du département.
Le tonnage a été limité à 6 tonnes. Les travaux prirent probablement du retard car, en 1884, des administrés s’inquiètent du fait que « le pont ne sera pas fait le printemps prochain ». Si les charrettes avaient pu passer dans l’eau pendant la période estivale des travaux, un long détour devenait nécessaire pendant l’hiver… Le pont des Farges est inscrit parmi les ouvrages qui viennent d’être terminés dans un rapport du 7 juin 1885 du Conseil Général.
Suivant le Dr Jacques Gay, « un ancien pont se trouvait au début de Combemarie, en face de la maison de M. Nicolas ». Néanmoins, aucun indice archéologique n’apparaît aujourd’hui.
Francis A. BODDART